Les perspectives d’emploi pour les femmes dans le BTP d’ici 2015

L’image archaïque de l’homme sur les chantiers serait-elle révolue ? La tendance actuelle semble aller dans ce sens. La féminisation du secteur du BTP est de plus en plus flagrante ces dernières années : en 2010, les femmes représentaient 11,1% des salariés du secteur du bâtiment. Cette évolution est le fruit de la volonté de la Fédération Française du Bâtiment, qui souhaite voir le nombre de femmes dans le BTP augmenter de façon significative.

Le plan d’action 2010-2015 de la FFB pour une plus grande intégration des femmes dans le BTP

La féminisation du bâtiment lancée dans les années 2000 a connu un réel succès. 10 000 femmes sont recensées en formation initiale dans le BTP, uniquement pour l’année 2011-2012. Face à ce succès grandissant, la Fédération Française du Bâtiment a décidé de lancer un plan d’action 2010-2015, afin de développer le recrutement des femmes dans les entreprises de construction, et ainsi promouvoir leur formation.

Ce plan d’action se fait en partenariat avec le gouvernement, les régions mais aussi Pôle Emploi. Il se décline autour de plusieurs axes, le but étant de garantir l’insertion d’un plus grand nombre de femmes au sein des métiers du bâtiment. Les 5 principales orientations sont les suivantes:

• Faire appliquer l’accord national sur l’égalité professionnelle dans toutes les entreprises de BTP de France.
• Développer davantage les campagnes de publicité et la communication autour des métiers du bâtiment ciblant les femmes.
• Développer l’entreprenariat des femmes dans le secteur du BTP
• Augmenter le nombre de formations initiales et de reconversions dans le secteur du bâtiment à leur attention.
• Développer l’amélioration des conditions de travail dans ce secteur pour y attirer davantage de personnel féminin.

Comment expliquer la volonté de la FFB de féminiser autant son secteur ?

Le plan d’action a été entrepris en 2010, soit l’année où ont été dévoilés les très bons chiffres quant à l’insertion des femmes dans le milieu du BTP. Avec 11,1% de femmes salariées dans ce secteur, l’année 2010 apparaît être une année charnière. Tous les métiers du bâtiment ont été marqués par une féminisation plus ou moins certaine. Plusieurs chiffres concernant la formation professionnelle des femmes en 2010 sont à remarquer. Elles représentaient :

• 1,6% du nombre total d’ouvriers
• 15,4% du nombre total de cadres
• 47,1% du nombre total d’employés et techniciens

17% des femmes poursuivant des études d’ingénieurs se sont tournées vers le bâtiment en 2010. Cette forte augmentation est due en partie au développement de l’aspect environnemental, aujourd’hui très présent dans le milieu du BTP. Ce tournant écologique est créateur d’emploi et rend les métiers du bâtiment plus attractifs pour la population féminine.

Etant donnée la variété des métiers du bâtiment, les perspectives d’emplois restent importantes, et ce malgré un contexte économique  toujours très tendu.

« Quelle que soit la conjoncture économique, le secteur devra recruter 80 000 à 100 000 personnes par an pour faire face au renouvellement naturel des effectifs et à l'accroissement des marchés liés au développement durable »

 Didier RIDORET, président de la FFB.

Les professionnels du secteur estiment que d’ici 15ans, 40% des entreprises dans le secteur de la construction seront à reprendre. Les emplois sont donc nombreux dans cette branche.

Malgré une féminisation certaine du BTP, la FFB maintient ses efforts afin de gommer les disparités qui subsistent. En effet, si le nombre de femmes ingénieurs ou cadres ne cesse d’augmenter, le part d’ouvrières reste extrêmement faible (de l’ordre de 1,6%). 

Pour se donner les moyens de leurs ambitions, les chantres de la féminisation ont à leur disposition un véritable arsenal législatif, tel que les lois sur la parité. Des accords-cadres contraignent les acteurs du BTP à intégrer des femmes dans leurs entreprises. L’accord collectif national du 10 septembre 2009, relatif à la diversité et à l’égalité professionnelle et salariale entre les hommes et les femmes dans le bâtiment fait partie de ces accords. Le préambule est très explicite quant à la nécessité d’employer des femmes pour répondre aux besoins de mains d’œuvre, dans un secteur où la crise n’affecte pas les embauches.

L’accord cadre pour encourager et développer l’accès des femmes aux métiers du bâtiment du 11 janvier 2007, est un autre levier essentiel de cette féminisation. Cet accord a été signé par le Ministère délégué à la cohésion sociale et à la parité et la Confédération de l’Artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB). De nombreux accords concernant l’accession des femmes aux métiers du bâtiment  encouragent les entreprises encore réticentes.

Pour inciter ces dernières, la Fédération Française du Bâtiment a pris des initiatives. La création d’un trophée « Bâtir au féminin » en fait partie. Il distingue les dirigeants d’entreprises favorisant l’intégration de femmes. Chaque année, à l’occasion du Congrès de la FBB, des chefs d’entreprises reçoivent cette récompense.

Ces incitations sont bénéfiques mais ne peuvent se suffire à elle-même. Il faut également solliciter les femmes afin de changer l’image du BTP, qui reste dans l’inconscient collectif un domaine largement monopolisé par les hommes.  

Dès 2005, la FFB a commencé à communiquer sur les métiers du BTP et sur les nouvelles techniques qui rendent ces métiers beaucoup moins physiques qu’auparavant. Des campagnes publicitaires visant les femmes se développent comme « Le bâtiment nous va si bien… » Les affiches et les slogans découlant de ces opérations de communication servent à informer et à inciter les femmes à faire le choix de formations qui mènent aux métiers du BTP.